Le Stade Olympique de Berlin (Olympiastadion) est un chef-d’œuvre architectural. Il fut le théâtre des Jeux olympiques de 1936 sous le régime hitlérien. L'espace offre donc une double lecture, pour le plus grand bonheur des visiteurs.
Le Stade Olympique vaut le détour. C'est aussi un coup de cœur personnel.
Trois ans après l'établissement d'un régime totalitaire en Allemagne, Berlin accueille à l'été 1936 les Jeux olympiques. Pour l'occasion, une enceinte digne des empires immémoriaux est édifiée, suivant les codes du néo-classicisme national-socialiste. L'ensemble est réalisé par l'architecte Werner March avant d'être finalisé par l'apport esthétique d'Albert Speer, favori et ami intime d'Adolf Hitler. Au final, le stade matérialise dans la pierre à la fois les ambitions de puissance et le mythe racialiste d'une identité germanique. La réalisatrice Leni Riefenstahl consacrera les lieux en son temps en y réalisant un film de propagande qui témoignera de son génie cinématographique, Les Dieux du Stade.
Épargnée pendant la guerre, l'enceinte située dans Berlin-Ouest fut occupée par les armées britanniques d'occupation. Ces dernières en profitèrent pour organiser leurs propres défilés militaires. Depuis la Guerre froide, le Stade Olympique accueille les rencontres de football du club résident, le Hertha Berlin et ses 70.000 spectateurs. Le sport y est donc toujours à l'honneur avec la finale de la coupe de football d'Allemagne ainsi que des compétitions d'athlétisme. En outre, des concerts et des événements culturels y sont régulièrement organisés.
L'architecture du Stade Olympique reste celle du Troisième Reich. En dépit des diverses célébrations sportives, culturelles ou festives qui s'y déroulent, les codes architecturaux demeurent.
Une architecture dérangeante
Malgré des dimensions écrasantes, l'ensemble est monumental de par son étalement. Son système de colonnades étayées de pierre calcaire cultive un sentiment d'éternité et de solennité. Aucune couleur sinon la piste d'athlétisme d'un bleu couleur de l'équipe de football résidente. À quelques exceptions près, le stade conserve en grande partie sa configuration originelle. Seule la porte du Marathon ouvre partiellement l'enceinte, laissant ainsi surgir la tour de la cloche olympique.
Faisant le tour extérieur du stade, on remarquera le chêne allemand, les colonnes germaniques et la cloche olympique qui avait été fondue pour les Jeux de 1936. Ces symboles du national-socialisme en partie aseptisés ne peuvent être ignorés. Longeant l'allée monumentale et martiale, une succession de stèles honore les athlètes allemands victorieux lors de chaque olympiade.
Plus loin, apparaissent les anciens bassins olympiques. Ils accueillent désormais une magnifique et terrifiante piscine communale. Les gradins menaçants de pierre rocailleuse sont désormais inaccessibles au public. Enfin, se dessine l'immense champ de Mai, lieu des sessions gymniques des Jeunesses Hitlériennes. Le site est ceinturé de tribunes d'un autre temps, elles aussi abandonnées. En face, un monumental terre-plein accueille l'ancienne tribune des officiels pour les discours. Il ne s'agit pas d'une simple enceinte sportive.
Une visite guidée est nécessaire
Grandiose enceinte sportive ou reflet architectural du régime hitlérien et de ses ambitions, la question fait encore débat. En tout cas, on ne saurait oublier que l'architecture du Stade Olympique n'est pas neutre : elle est celle du Troisième Reich. La configuration des lieux et les symboles sont des éléments marquants qui contrastent avec l'usage actuel. Une collision des genres et une dichotomie tout à fait perturbantes.
Toutefois, l'architecture du stade est également grandiose et renversante dans ses perspectives. Les canons et les critères esthétiques sont merveilleusement établis. En conséquence, une visite s'impose alors rapidement auprès du public historien mais aussi architecte. Chose remarquable, il est laissé une certaine liberté au visiteur. Celui-ci peut en effet découvrir les lieux extérieurs et l'intérieur du stade de manière individuelle. On regrettera que d'éventuels échafaudages pour l'organisation des concerts limitent grandement la visibilité et l'accès. De même, on ne pourra visiter les sous-sols que dans le cadre des circuits organisés par le service des visiteurs.
Atouts
Architecture grandiose et monumentale
Dernier vestige national-socialiste à Berlin
Liberté relative pour les visites individuelles
Très bien desservi par les transports en commun
Incroyable double lecture des lieux
Limites
Collusion des genres parfois dérangeante
Espaces fermés au public sans avertissement
Pour aller plus loin
Les équipes du Stade Olympique organisent des tours guidés réguliers en allemand et en anglais.
Pour l'UEFA, c'est avant tout une enceinte sportive.
Il est possible d'assister à une rencontre de football du club résident, le Hertha Berlin, avec des perspectives architecturales et festives troublantes.
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