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Mémorial de la Prison de la Stasi : l'horreur psychologique

  • Photo du rédacteur: Dr Julien Drouart
    Dr Julien Drouart
  • 13 nov. 2020
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 22 juil.


Mémorial de la Prison de la Stasi : l'horreur psychologique

Le Mémorial de la Prison de la Stasi (Gedenkstätte Berlin-Hohenschönhausen) à Berlin offre un cadre authentique effrayant : celui d'une ancienne prison politique à l'époque de la RDA. Accessible uniquement en visite guidée, le lieu promet une expérience intense et réflexive.


Une visite au Mémorial de la Prison de la Stasi est incontournable


La Seconde Guerre mondiale s'est terminée en Europe en mai 1945. La charge d'arrêter et de juger les criminels du régime hitlérien revient aux libérateurs alliés et soviétiques. Dans la zone d'occupation soviétique, un réseau de camps de prisonniers de guerre est mis en place. Très rapidement, l'administration militaire est remplacée par une autre, peut-être plus retorse, celle de la police politique, la NKVD. En 1951, l'autorité de l'ancien camp spécial n°3 est transférée au nouvel État est-allemand, sous la conduite de la Stasi.


La police politique utilise les lieux d'origine et les perfectionne au fil du temps. Elle fait édifier de nouveaux bâtiments, transformant le quartier en zone de restriction. Cette zone d'accès interdit n'a d'ailleurs pas d'existence officielle. Initialement consacrée à l'enfermement des opposants politiques, la prison devient à partir des années 1960 le lieu d’internement préventif de ceux et celles soupçonnés de pouvoir le devenir, avant que ces derniers aient peut-être la chance d'être rachetés par l'Allemagne de l'Ouest. Plus de 40 000 personnes y transitent jusqu'en décembre 1989.


Abandonnée en 1990, l'ancienne prison est devenue un lieu de mémoire, et une partie de son personnel d’accompagnement est composée d’anciens détenus.

Ancienne cellule au Mémorial de la Prison de la Stasi.

Une plongée dans la déshumanisation


Situé aux confins d'un quartier de l'ancien Berlin-Est, le Mémorial de la Prison de la Stasi se trouve dans les lieux d'origine, préservés de toute destruction. La morosité sinistre qui se dégage des bâtiments et de la configuration du site crée un sentiment d'oppression. Deux ensembles se font face et se complètent. D'une part, la première prison se limite aux sous-sols d'un ancien réfectoire aménagés en cellules d'enfermement. Le confinement d'alors était des plus rudimentaires qui soient. D'autre part, la seconde prison, ouverte peu avant le début de la construction du Mur de Berlin, propose un ensemble de haute sécurité. Le prisonnier y subissait une privation sensorielle quotidienne et systématique.


La dureté de l'enfermement laisse donc place d'une décennie à une autre à une destruction psychologique terrifiante. Le visiteur suit le parcours d'un prisonnier, depuis son arrivée au garage jusqu'à sa cellule d'isolement. La traversée des salles d'interrogatoires "politiques" fait prendre conscience de la nature même de cette prison qui n'était pas une prison ordinaire. La chute est inexorable jusqu'aux édifiantes cellules de promenade.

Couloir des cellules au Mémorial de la Prison de la Stasi.

Une visite guidée s'impose


Le Mémorial de la Prison de la Stasi ne peut être visité qu'en compagnie d'un guide-conférencier issu des équipes pédagogiques. En revanche, un centre de documentation peut se découvrir en libre accès. Cette rigueur et cette inflexibilité sont garantes d'un discours mature et formateur. Ainsi les dérives d'une industrie touristique en quête d'émotions fortes peuvent être évités. Chaque jour, des visites guidées en allemand et en anglais sont proposées à un prix très démocratique.


Les lieux d'origine ont été conservés et les traverser invite à une profonde introspection. Les questionnements portant sur la nature humaine ne manqueront pas. Ils mettront également en lumière que, bien loin des considérations idéologiques, la prison servait de plateforme pour la revente des prisonniers afin d'enrichir l’État est-allemand. Édifiant et bouleversant. Personne n'aura alors la prétention de visiter les lieux en compagnie de jeunes enfants.


Atouts

  • Excellente préservation du site et des bâtiments

  • Obligation d'être accompagné, au nom du devoir d'éducation

  • Mise en perspective allant au-delà du cadre historique

  • Centre de documentation libre d'accès et complémentaire

Limites

  • Absence de visite publique en français

  • La cohue parfois provoquée par l'accumulation des groupes

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