Dr Julien Drouart
Musée du Jeu vidéo : un succès en partie débloqué
Dernière mise à jour : 22 juil. 2022

Le Musée du Jeu vidéo tente de muséaliser l'activité vidéo-ludique, sans pour autant devenir un terrain de jeu interactif. Malgré de bonnes intentions, le résultat est mitigé.
Une visite au Musée du Jeu vidéo est facultative.
L’arrivée des premières consoles de salon dans les années 1980 a popularisé le jeu vidéo auprès du grand public. Depuis, le développement de l'industrie vidéoludique a accompagné deux générations entières de joueurs. N’en déplaise à ses détracteurs, la pratique du jeu vidéo s’est démocratisée.
A l’image de la bande dessinée ou du cinéma, celui-ci acquerra dans quelques décennies le rang d’art avec les avantages et les inconvénients liés à ce statut. En attendant, il est pertinent de questionner les repères identitaires propres au jeu vidéo et la sous-culture plus large qui s’en est détaché.
Une muséographie trop désordonnée
La recherche d'une information toujours plus variée et exhaustive rend le Musée du Jeu vidéo un ensemble souvent illisible et peu intuitif. Les notices se chevauchent et s’accumulent sans jamais vraiment constituer un fil conducteur. Les modules s’enchaînent mais ne se complètent nullement. Si certains sujets sont abordés très succinctement, d’autres au contraire sont terriblement orientés et perdent ainsi tout intérêt.
Les origines du jeu vidéo sont trop fouillées pour être intelligibles. A l’inverse, la culture associée n'est que survolée, tandis que les réalités actuelles de l’industrie vidéo-ludique ne parviennent pas à être retranscrites en raison de l’absence de discours critique. Quant aux jeux vidéo à proprement parler, le musée peine à leur attribuer une place de choix. Les jeux ayant fait l’histoire du jeu vidéo ne sont pas présentés. D'autres, sans aucune raison apparente, figurent dans un Panthéon autoproclamé. Les ludothèques sont purement et simplement passées sous silence. En raison des impératifs de conception, l’exposition permanente s’interrompt en fonction des tardives mises à jour. Ces difficultés structurelles montrent la difficulté de figer une industrie toujours en rapide évolution.
Une note positive : la présence d'une petite salle d'arcade permettant de retrouver Space Invaders, Donkey Kong et autres Frogger. Également l'incroyable présence d'une borne d'arcade provenant de l'ancienne RDA, sortie dans les années 1980. Une époque où les dirigeants est-allemands considéraient l'usage des jeux vidéo comme tangible avec les objectifs d'éducation.
Un exercice difficile mais prometteur
« Muséaliser » le jeu vidéo est un challenge excitant, difficile mais prometteur. Le résultat est contrasté. La conception du musée ne répondra ni aux attentes des novices ni aux aspirations légitimes des amateurs du genre. La tendance à l’exhaustivité se fait au détriment de la qualité globale de l'exposition temporaire.
Surtout, le Musée du Jeu vidéo fait passer l'activité vidéo-ludique en second plan. Certes, il ne s’agissait pas de transformer les lieux en une salle d’arcade. L'erreur est peut-être de présenter le jeu vidéo telle une nature morte. Les personnes à l’origine du projet sont certainement passionnées mais l'ensemble paraît toutefois bancal.
Atouts
La présence de quelques bornes d’arcade des années 1980, jouables gratuitement
Le module consacré au jeu vidéo en RDA et la borne Poly-Play
La galerie montrant l’évolution des consoles et micro-ordinateurs
Limites
La place secondaire qu’occupent les jeux vidéo
L’absence d’un véritable Panthéon du jeu vidéo
L’exhaustivité d’une information peu pertinente
Un rapport qualité/prix décevant
Pour aller plus loin
A Paris, un éphémère musée du jeu vidéo est fermé en 2011, deux semaines après son inauguration.
Encore aujourd'hui, le jeu vidéo doit se justifier en tant qu'art.
La possibilité de jouer en stream aux jeux Poly-Play sur son ordinateur.