Le Neues Museum (Nouveau Musée) à Berlin est le musée d’État regroupant les collections égyptiennes de la ville. Doté d'une architecture magnifique, ce lieu possède également certaines pièces remarquables.
Le Neues Museum vaut le détour
S'articulant autour des nouvelles ambitions d'une capitale en devenir, l'histoire du Musée égyptien de Berlin suit curieusement celle de l'identité nationale, depuis la Confédération germanique jusqu'à la Réunification. À l'origine, les collections égyptiennes étaient exposées au Château de Monbijou, avant d'être relocalisées vers la moitié du XVIIIe siècle dans le Neues Museum, situé sur l'Île aux Musées.
Les œuvres proviennent initialement du mécénat et du Sultanat d’Égypte. Des expéditions archéologiques permettront ultérieurement l'acquisition de nombreuses reliques. En 1913, le Musée égyptien obtient sa pièce maîtresse : le buste de Néfertiti. Ce trésor antique extraordinaire restera désormais en Allemagne. Évacué dans une zone de sécurité, il sera épargné pendant la Seconde Guerre mondiale. Quant au Neues Museum, il fut sévèrement touché lors des bombardements alliés sur la ville.
En conséquence de la division allemande, le buste de Néfertiti sera exposé dans un nouveau musée, cette fois-ci à Berlin-Ouest, à Charlottenbourg. Il faudra attendre les années de la Réunification et la restauration du Neues Museum pour voir les collections égyptiennes revenir en 2009 sur l'Île aux Musées. Aujourd'hui, le Neues Museum est l'un des musées nationaux les plus visités en Allemagne.
Ceci n'est pas un musée d'égyptologie
La restauration du bâtiment, sous la direction du britannique David Chipperfield, est grandiose et majestueuse. La prouesse architecturale est remarquable. Les éléments d'origine portant encore les stigmates de la guerre sont parfaitement mis en valeur par un design intérieur impressionnant. Certaines pièces renversent les perspectives en jouant sur les espaces, tantôt colossaux, tantôt intimistes. L'association du nouveau et de l'ancien permet une immersion totale.
Cette impression incroyable reste constante, mais elle exacerbe peut-être les différents problèmes liés à une muséographie parfois inconstante, voire antagonique. En premier lieu, les collections égyptiennes partagent l'espace des quatre étages du Musée avec celles consacrées à la Préhistoire et à la Protohistoire. Ici, on parle des résultats des fouilles archéologiques à Berlin et, plus loin, d'éléments antiques ou médiévaux. Tout comme le Musée égyptien, d'autres musées ont vu leurs collections relocalisées vers l'Île aux Musées et le Neues Museum.
Au final, il règne le sentiment d'un assemblage peu cohérent. Jamais les collections égyptiennes n'occupent un étage entier. Au contraire, elles sont inégalement réparties sur chacun des quatre étages, ce qui est décevant. De plus, ces collections égyptiennes manquent d'un fil chronologique clair. Il n'est pas rare de trouver dans une même salle des artefacts de siècles et de millénaires différents. Le manque d'exhaustivité des tableaux informatifs rend la visite principalement contemplative.
Le buste de Néfertiti vaut à lui-seul le déplacement
Clairement, l'excellence des lieux restaurés contraste avec une muséographie finalement déstructurée. Les collections égyptiennes sont inégales, tant d'un point de vue qualitatif que quantitatif, et sont diversement mises en valeur. Elles demeurent néanmoins l'intérêt principal du musée. Le Neues Museum n'est pas un centre de documentation sur l’Égypte antique, mais un lieu d'exposition. Devant certains artefacts absolument grandioses, une visite peut se contenter d'être contemplative, sans pour autant enlever au musée sa dimension pédagogique.
Malgré les critiques et controverses sur la restauration du bâtiment, sur l'authenticité de certains éléments ou sur une muséographie potentiellement déconcertante, voir le buste de Néfertiti est une expérience merveilleuse et unique. Certes, un musée ne peut être réduit à sa seule pièce maîtresse, et pourtant, c'est bien le cas ici. L’énigmatique sourire de la reine d’Égypte interpelle le visiteur dans un grand moment de volupté. Néfertiti, l’Égyptienne devenue Berlinoise ?
Aussi, en choisissant bien son horaire de passage pour éviter l'affluence les jours de fête et le week-end, on ne manquera pas d'aller à la rencontre de Néfertiti, seul ou accompagné. Malgré le regard inquisiteur des gardiens du musée, que ce soit pour 30 minutes ou pour trois heures, l'expérience est à vivre. Il faut noter que l'entrée est gratuite pour les mineurs et que les adultes peuvent bénéficier d'un billet journalier très avantageux permettant de visiter tous les musées nationaux dans le cadre de ce qui sera alors une inoubliable balade culturelle.
Atouts
Bâtiment magnifiquement restauré
Le buste de Néfertiti
Collection égyptienne remarquable en sous-sol
Limites
Absence d'un fil chronologique
Audio-guide peu satisfaisant et incertain
Impression d'un musée fourre-tout
Pour aller plus loin
L’Égypte et l'Allemagne se disputent la paternité du buste de Néfertiti.
Le Neues Museum propose des prix d'entrée très démocratiques.
David Chipperfield, architecte de renommée internationale.
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