Le Musée des Alliés (AlliiertenMuseum) à Berlin souligne l'importance stratégique de la présence alliée à Berlin-Ouest pendant la Guerre Froide. Un peu désuet, il demeure néanmoins une belle découverte.
Le Musée des Alliés vaut le détour
Depuis la réunification allemande, les espaces muséaux et mémoriaux consacrés à l'ancienne Allemagne de l'Est se sont multipliés à Berlin selon un agenda bien huilé. En revanche, l'ancien Berlin-Ouest ne bénéficie pas du même intérêt. Étonnamment, il disparaît du récit national.
Pourtant, pendant la Guerre froide, les secteurs de l'ouest de la ville avaient opté pour une normalité anormale. Leurs habitants avaient choisi de vivre enclavés au sein d'un territoire étranger et hostile. En adoptant le modèle occidental, les Berlinois de l'Ouest portaient un regard différent sur la présence des forces d'occupation américaine, britannique et française. Celles-ci furent progressivement perçues comme protectrices ; l'épisode fondateur étant le blocus des années 1948-49. Malgré les soubresauts des années de Plomb, l'amitié devait persister.
Le départ des troupes alliées en 1994 ouvrit la porte à la reconnaissance officielle. Peu après, le Musée des Alliés fut inauguré au cœur de l'ancienne colonie américaine.
Une muséographie diverse et complémentaire
Le Musée des Alliés est établi dans les bâtiments d'origine de la communauté américaine. Le cinéma Outpost accueille une exposition consacrée aux années de l'immédiat après-guerre. On y aborde les questions de dénazification et de démocratisation de la société allemande, autour d'objets et d'une iconographie de qualité.
Ces thématiques s'effacent rapidement devant la mise en scène grandiloquente autour du blocus de Berlin. Malheureusement, la muséographie s'avère assez chaotique et finalement difficile d'accès, car les informations s'enchaînent sans fil directeur clairement défini. Dans l'autre bâtiment, une seconde exposition évoque la présence alliée sur la période allant de 1949 jusqu'au départ des troupes. Encore une fois, en dépit de certaines curiosités, l'ensemble manque d'accroche intuitive.
La véritable plus-value du musée se trouve en réalité à l'extérieur avec l'exposition d'objets de grande taille. Le visiteur verra pêle-mêle un mirador de la 4e phase de construction du Mur, un wagon du train militaire français, ou encore l'authentique Checkpoint Charlie. Surtout, il y a un avion de l'aviation britannique ayant participé au ravitaillement de Berlin-Ouest pendant le blocus. L'intérieur de ces ensembles est accessible uniquement en visite guidée.
Un musée pour comprendre Berlin-Ouest hier et aujourd'hui
Loin des sentiers touristiques, le Musée des Alliés rappelle l'importance de la présence alliée pour Berlin-Ouest et toute l'Allemagne de l'Ouest. On comprend alors la centralité d'un événement tel que le blocus. Cet épisode constitue la pierre angulaire de la constitution de la RFA. À ce titre, l'intitulé de l'exposition permanente Comment des ennemis sont devenus des amis est tout à fait significatif des enjeux de l'époque et d'aujourd'hui.
Il est vrai que la muséographie souffre d'un manque d'accessibilité. Ce problème peut rapidement être surmonté en choisissant un accompagnement guidé. C'est une alternative d'autant plus facile que l'entrée du musée est libre et gratuite.
Surtout, on applaudira l'absence de parti pris manichéen. La mise en perspective de Berlin-Ouest ne se construit pas sur une dépréciation du modèle soviétique. Au contraire, elle valorise l'identité ouest-berlinoise en s'appuyant sur la présence alliée. Au final, le Musée des Alliés s'avère indispensable pour tout visiteur souhaitant comprendre Berlin-Ouest.
Atouts
L'histoire de Berlin-Ouest enfin mise en avant
Impressionnante collection de grands objets
Information en français dans le texte
Limites
Exposition quelque peu vieillissante et peu accessible
Grands objets accessibles uniquement en visite guidée
Assez excentré et difficile d'accès depuis Mitte
Pour aller plus loin
Au souvenir de la présence française à l'époque de la division allemande.
Un rappel historique sur le Blocus de Berlin et le pont aérien.
Lire un article sur RIAS, la radio en secteur américain.
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